Où va Citroën ?
La crise, la quasi faillite du groupe, la prise de participation puis le retrait de l'américain G.M. et enfin le rachat d'Opel. En 6 ans, la situation du groupe PSA a radicalement changé et entraîné une profonde modification de la stratégie des marques du groupe, notamment celle de Citroën.
Plus de haut de gamme
La C6 fut un flop à la hauteur des difficultés que la marque a rencontré pour la sortir enfin, 6 ans après sa première présentation. La C5, faute de moyens, n'a évolué que dans le détail et les ventes n'ont également pas été satisfaisante. Considérant que le public se détourne des grosses berlines et que la marque n'a plus les moyens financiers pour les remplacer, Citroën a donc logiquement donné la priorité à des modèles qui marcheront à coup presque sûr. La C5 et sa suspension hydraulique sera donc remplacée par un SUV, le C5 Aircross, d'ores et déjà disponible en Chine mais vendu en France à partir de la fin de l'année.
Dérivé des Peugeot 3008 et Opel Grandland X, le C5 Aircross inaugure sur le haut de gamme la suspension à butée hydraulique progressive, qui remplacera la légendaire suspension hydropneumatique inaugurée sur les Traction et DS.
Bye-Bye Citroën C4...
Devenu un peu le parent pauvre du groupe après la mise sur orbite de DS, Citroën n'a plus les mêmes moyens financiers qu'auparavant. En attendant des jours meilleurs, la marque donc décidé de ne pas remplacer dans l'immédiat la berline C4. Basée sur la plateforme de la première Peugeot 308, la C4 a mené une fort discrète carrière, privée de versions d'image grâce à la DS 4 et de version break pour attirer les familles, sans compter la concurrence frontale avec la très moderne Peugeot 308, qui inaugurait la plateforme EMP 2 et de nouveaux équipements.
Jusqu'en 2017, il s'en vendu à peine plus de 550 000 en Europe, soit un score bien moindre que celui des 308, Astra, Auris, Mégane ou même Leon qu'elle devait affronter. Même les Honda Civic et Mazda 3 se sont mieux vendues en 2017. Il est loin le temps des Xsara et C4 et leurs plus de 130 000 exemplaires annuels...
Dans l'immédiat donc, pas de remplaçante pour la C4 avant 2021, le temps de se refaire une santé. Mais pour ne pas rester sans compacte trop longtemps, Citroën a pris une décision à la fois curieuse et originale.
...et bonjour C4 Cactus !
Sorti en 2014, le C4 Cactus se présentait initialement comme un crossover, à mi chemin entre un Peugeot 2008 et une C4. Annonçant à l'époque la nouvelle philosophie de Citroën - des voitures simples mais gaies - le crossover a néanmoins lui-aussi connu les affres d'un marché peu sensible à ses curieux airbumps et à son look caricatural. Résultat : à peine plus de 200 000 unités écoulée en Europe depuis 2014, soit à peu près les volumes de vente d'une seule année pour les Renault Captur et Peugeot 2008 ! A trop miser sur le style, Citroën n'a pas su positionner clairement son modèle, à peine moins cher qu'un 2008 et souffrant de certains défauts de conception comme une banquette monobloc en début de carrière et des vitres arrière à compas, uniques sur le segment !
L'arrêt du projet de renouvellement de la C4 est une aubaine pour le Cactus, attaqué par le C3 Aircross, clairement positionné comme un SUV.
Plus bas, débarrassé de ses airbumps, le C4 Cactus remplace donc la berline C4 et vient combler un vide dans la gamme. Les problèmes de base du modèle demeurent néanmoins puisque les vitres arrière sont toujours à compas...
Repositionné comme une compacte alternative moins chère et plus simple que ses cousines Peugeot 308 et Opel Astra, le C4 Cactus n'est pour autant pas seul sur le segment des compactes discount. La Fiat Tipo est par exemple une redoutable concurrente, avec une large gamme de motorisations et de carrosserie. L'attente risque d'être longue d'ici 2021.
Adieu C4 Picasso
Non, Citroën n'a pas décidé de mettre un terme au monospace français bien connu. Simplement, après 20 ans d'utilisation à grands frais, la marque renonce à cette appellation au profit de Spacetourer, qui concernait auparavant les utilitaires Jumper et Jumper en configuration familiale.
Pour occasion, pas de toilettage mais seulement une série spéciale Rip Curl.
Repli des ventes en Europe et en Chine
La situation peut sembler anodine, mais Citroën semble avoir retrouvé l'époque des vaches maigres des années 1980 - 1990. En 2017, Citroën a vendu 566 000 véhicules en Europe, c'est mieux que les 540 000 unités de 2016 mais loin des 937 000 véhicules vendus en 2007 !
Depuis quelques années, la part de marché de Citroën baisse inexorablement faute de nouveaux modèles. Elle est passée de 6,03 % en 2010 à 3,65 % en 2017. Très dynamique, Peugeot a pour sa part vendu plus de 910 000 unités en 2017, contre 1 015 000 en 2010.
Quel que soit le marché, la situation se répète. Longtemps un ballon d'oxygène pour la marque, le marché chinois est également problématique. Les ventes y sont passées de plus de 320 000 ventes en 2014 à ... 132 000 en 2017 ! Une situation catastrophique qui s'explique par l'absence de nouveaux modèles et surtout de SUV, sur un marché qui réclame désormais de plus en plus ce type de carrosserie. Les C3 et C5 Aircross ont commencé à redresser la barre mais il faudra encore un moment avant de retrouver les volumes perdus, d'autant plus que la concurrence devient féroce et que les nouveautés sont nombreuses.
Tout n'est pas perdu ?
Certes, la situation de Citroën aujourd'hui peut inquiéter. C'est oublier que la marque a survécu à bien pire, notamment les années 1980. Pour remédier à cette situation, outre le C5 Aicross, la marque aux chevrons prévoit d'autres modèles. Le Berlingo 3 sera bientôt lancé tandis que la C5 connaîtra une remplaçante dans les années 2022 et que la C4 fera son retour en 2021. Il faudra néanmoins faire attention : la cohabitation déjà dure avec Peugeot va encore se compliquer avant l'arrivée d'Opel. Quel espace sera dévolu à Citroën ? Comment proposer des modèles qui ne cannibalisent pas forcément ceux du groupe PSA ? L'avenir le dire, en souhaitant que Citroën ne connaisse pas un destin à la Saab ou Rover...