L'histoire de la Rover 400, l'anglaise oubliée
Berline aujourd’hui quasiment oubliée des mémoires sauf que quelques personnes pour qui elle reste la dernière « vraie » compacte anglaise, la Rover 400 a mené une existence discrète mais ô combien mouvementée. Dérivée de la Honda Civic de l’époque, en 1999 elle devient Rover 45 puis MG ZS, sa version sportive, avant de finir sa carrière en 2005, 10 ans après sa naissance ! Histoire d’une berline pourtant bien née…
La Rover 400, maillon essentiel de la gamme Rover
L’histoire de cette berline débute dans les années 1980. A cette époque, il existe bien une 400 dans la gamme Rover mais elle est très différente de celle qui nous intéresse. L’idée pour Rover est de créer une gamme plus cohérente et surtout plus moderne afin de reprendre des parts de marché. Toutefois, avec des moyens financiers plus que limités, la tâche est compliquée pour la firme anglaise. C'est ainsi qu'arrive Honda, qui prend le contrôle de la firme pour accéder pleinement au marché européen et étendre son marché. Au début, cette prise de contrôle se matérialise par des berlines conçues par Honda auxquelles Rover tente de donner une identité bien britannique. De cette façon, la gamme du constructeur se renouvelle à moindre frais. Le procédé est inauguré par les Rover 600 et Rover 800, respectivement des Honda Accord et Legend reprises dans un style plus british. Si la 800 peine à s’imposer malgré un coupé et une superbe carrosserie bicorps, la 600 remporte un modeste succès. Ce n'est qu'après qu'arrive la nouvelle 400.
Au moment d’imaginer une berline plus grande que la future 200 alors en gestation, c'est Honda qui impose la plateforme de la future Civic européenne. Il en résultera deux berlines au dessin similaire, à l'image des 200 et Concerto qu'elles remplacent. Le style est sage, très sage même, sans excès et est malgré tout empreint d’une certaine élégance. A l’intérieur, le style de la planche de bord se veut épuré et sans fioriture, le tout étant sérieux. Pour la différencier de la Civic, la 400 se dote d'une ambiance intérieure spécifique, avec teintes claires, boiseries et cuir.
Début de carrière
La berline 400 est présentée en mai 1995. Sans y paraître, la Rover 400 marque une rupture assez nette avec la génération de 400 qu’elle remplace. En effet, si l’ancêtre reprenait des lignes très carrées, la nouvelle reprend un style nettement plus doux. 2 carrosseries sont présentées : la 4 portes et son porte-à-faux arrière rallongé, et la 5 portes au style plus harmonieux, à rapprocher des Renault Mégane et Citroën Xsara des années à venir. Les 2 carrosseries ont la particularité pour l’époque de proposer des faces arrière distinctes.
La face avant de la nouvelle berline 400 est plutôt classique, mais sur cette anglaise l'essentiel est ailleurs : elle est aisément identifiable et promet de bien vieillir.
Le profil de la version 4 portes est moins équilibré que celui de la 5 portes, la faute à un porte-à-faux arrière rallongé. Au passage, le hayon de la 5 portes se transforme en malle sur cette carrosserie.
Originalité de l'époque, la 4 portes ne reprend pas la face arrière de la 5 portes. De même, cette dernière est davantage décrite comme une familiale sympa, fiable tandis que la 4 portes est présentée comme le haut de gamme.
Si l’extérieur demeure sobre et distingué, l’intérieur, on l’a dit, ne fait pas exception à la règle. Les lignes sont droites, le bandeau supérieur de la planche de bord assez fin et la console centrale peut se parer en option de placages en ronce de noyer, en bonne anglaise qu’elle est. L’intérieur fait très cosy mais une fois à son bord, beaucoup sont déçus par la qualité des matériaux utilisés. En effet, si la berline est anglaise, elle ne peut renier sa parenté avec les Honda de l’époque et hérite de matériaux pas vraiment à la hauteur de l’image haut de gamme qu’on veut lui donner. Soit. La 400 a d’autres atouts.
Les lignes de la planche de bord sont simples mais elles ont du charme. La déception viendra toutefois des matériaux utilisés pour un habitacle que Rover décrit comme luxueux...
Des vidéos
La nouvelle 400 redonne du courage aux concessionnaires qui voient en elle la fin des problèmes de fiabilité et de confort auxquels ont souvent été confrontées les berlines anglaises. Le mot d'ordre de cette vidéo : la qualité ; c'est à dire une voiture sûre, fiable et au charme typiquement anglais. Notez que la 400 offre l'airbag conducteur en série...
La pub ci-dessous se charge de présenter la nouvelle 400 aux clients anglais. Notez le contraste entre l'excentricité de la pub et le classicisme des lignes de la 400.
Une carrière discrète
Une fois commercialisée, la Rover 400 commence sans le savoir une longue carrière. Le style promet de bien vieillir, en tout cas mieux que l’intérieur. Si l’on ajoute sa petite sœur, la 200, née quelques mois après, la 400 complète une gamme moderne. Après la naissance de la 200, coup de théâtre : Honda s’en va ! La marque japonaise se désengage de Rover, qui fini par être reprit par BMW. Si la marque bavaroise n’a aucune envie de reprendre les 200 et 400 encore relativement jeunes, elle compte bien renouveler le haut de gamme, avec la future Rover 75. La Rover 400, afin de renforcer son image de berline sérieuse, reçoit alors un tout nouveau V6 de 177 ch, qui peut être accouplé à une boite automatique.
Lorsque la 75 arrive en concession, BMW se pose toutefois des questions. Si la 75 risque de trouver son public, il est clair que ça ne sera pas elle qui permettra à l’entreprise d’être bénéficiaire. Pour cela, il aurait fallut que les 25 et 45 se vendent mieux, une mise à jour importante serait donc nécessaire. Au final, devant l’ampleur de la tâche, la marque allemande jette l’éponge et revend Rover à la Phoenix Partner. Ce consortium compte lui aussi relancer Rover mais sans technologies à disposition … et avec des moyens financiers limités. Nous sommes en 1999, plutôt que remplacer la 400 malgré tout encore « jeune », Rover prend le pari de la restyler profondément et de lui trouver un nouveau nom pour marquer le changement. La Rover 400 devient donc Rover 45.
Quand la 400 s'éteint, c'est la "nouvelle" 45 qui prend la relève. Ses objectifs : reprendre des parts de marché et dégager des bénéfices pour que Rover lui offre une remplaçante... (ici une 45 en série spéciale Olympic Impression de 2002)