L'histoire de la Rover 45, rien ne se perd et tout se transforme !
En 2001, alors que BMW vient de quitter le navire, la Rover 45 voit le jour. Si les changements par rapport à l’ex-400 ne sont pas non plus considérables, la voiture reçoit un sacré coup de jeune. La face avant reçoit une nouvelle calandre chromée et des optiques doubles qui lui donne un furieux air de 75. Le bouclier est modifié ainsi que les rétroviseurs, qui voient leurs dimensions augmenter. De nouveaux styles de jantes en alliage sont désormais au catalogue et les poignées de portes sont redessinées le tout pour donner l’illusion que la voiture est nouvelle. A l’arrière, le changement est à peine visible et se limite à l'ajout d’une barrette chromée.
La face avant inspirée de la récente Rover 75 donne un coup de jeune à la 45, qui est encore dans le top 10 dans voitures les plus vendues en Grande Bretagne.
De nouvelles jantes et rétroviseurs, un peu de chromes et ça vous transforme le profil d'une voiture... La 45 gagne en élégance.
Bien malin qui peut faire la différence entre la poupe des premières 45 et celle de la défunte 400. La différence tient du détail, avec simplement l'ajout d'une barrette chromée !
Les modifications extérieures étant globalement réussies, on est en revanche une nouvelle fois déçu par l’intérieur, qui n’évolue quasiment pas. Si les compteurs sont nouveaux, la planche de bord ne reçoit pas d’évolutions flagrantes et les matériaux restent en retrait par rapport à la catégorie tandis que le dessin commence à dater.En bonne anglaise, Rover communique surtout sur le luxe et le confort offerts par la 45. Les matériaux utilisés pointent toutefois en retrait, de même que l'assemblage qui laisse certaines vis visibles, comme ici...
L'habitabilité offerte par la 45 est, en 2001, encore honorable. Les airbags latéraux font leur apparition mais bientôt la concurrence emmenée par les Mégane 2, 307 ou Opel Astra, dépassera progressivement la 45.
Alors que le style de la concurrence évolue vers plus de dynamisme, la 45 conserve un look très banal et très british que Rover compte néanmoins mettre en avant et placer comme un atout commercial. En 2000, MG et Rover sont revendus au consortium Phoenix. Ainsi naquit le groupe MG-Rover et la décision de faire de MG le préparateur officiel de Rover. La 25 devient MG ZR, la 75 se transforme en MG ZT et la 45 se décline donc en MG ZS.
Le dérivé MG
Le tour de force de MG à l'époque réside dans cette faculté de transformer une Rover très basique en une sorte de sportive prête à avaler le bitume et à brûler de la gomme. Les lignes de la ZS apparaissent ainsi nettement plus sportives que la version Rover. La calandre est grillagée, des élargisseurs d’ailes sont installés et des jantes d'un plus gros diamètre sont montées. Le châssis reçoit quant à lui des évolutions lui permettant d'offrir une tenue de route plus dynamique, avec notamment une suspension durcie. Sportive oblige, seules les motorisations les plus puissantes de la Rover 45 sont retenues sur la ZS.Lorsqu'elle arrive en concession en 2001, la ZS détonne ! La sage 45 est transformée en mangeuse d'asphalte façon Subaru Impreza. Les amateurs auraient également préféré plus de puissance.
La ZS en offre pour tous les goûts : deux carrosseries disponibles, essence ou diesel (!) et surtout tout un lot de nouveaux coloris que l'on aurait difficilement pu imaginer sur la sage 45.
Dans l’habitacle, on en prend aussi plein la vue ! La ronce de noyer cède sa place à des touches couleur aluminium, le cuir blanc à du cuir noir perforé, l’ambiance triste mais distinguée à une ambiance plus sportive et plus criarde avec volant et pommeau de levier de vitesse gainés de cuir, pédalier alu, sellerie cuir bi-tons en options, etc.Le style est simple, un poil plus sportif que la 45. Le compteur gradué jusqu'à 260 apparaît optimiste.
A l'occasion du lancement de la ZS, le V6 Rover est retouché. Il passe de 150 à 177 ch, offre plus de couple et consomme moins. La puissance apparaît limitée pour aller chatouiller des Megane R.S. ou Golf GTI, mais la ZS a un atout : son style.
En option (ou suivant la motorisation), le client peut faire installer un aileron, à la manière d’une Subaru Impreza, le moteur et la rigueur du châssis en moins. En effet, malgré des réglages affinés par rapport à la Rover qui sert de base, la ZS ne peut cacher une base assez ancienne. Le châssis supporte relativement mal la conduite dynamique et montre un déficit croissant à canaliser la puissance du moteur. L’absence d’équipements tels que l’ESP met également en relief l’ancienneté de la voiture.
La ZS trouve néanmoins sa clientèle puisque dès 2002, plus de 8 000 ZS sont vendus, soit une bonne performance pour MG-Rover même si la ZR se vend 2 fois mieux. Si les ventes de MG augmentent grâce au jeu des Rover relookées, elles ne peuvent compenser la chute vertigineuse des ventes de leurs cousines Rover.
Le restylage !
Un gros problème se pose en effet chez Rover. A bout d’évolutions et de séries spéciales, la 45 ne cadre plus avec les attentes du marché et ses ventes s’effondrent depuis le début des années 2000. Un cruel manque d’argent se fait sentir. La marque anglaise ne pouvant pas renouveler les 25 et 45 faute de moyens prend la décision de les restyler profondément une nouvelle fois, en attendant d’avoir un nouveau partenaire pour les mettre à la retraite. En septembre 2004 arrive donc la nouvelle 45. La face avant perd ses doubles-optiques au profits d’optiques plus lisses, sous glace. La face arrière est reliftée avec un lissage de la malle ou du hayon et la migration de la plaque minéralogique sur le pare-choc, redessiné pour l’occasion.La face a été étonnement bien modernisée, contrairement à la face arrière...
Le lissage de la face arrière de la 45 reste critiquable car il ne rend pas particulièrement la voiture plus gracieuse...
Comme toujours, c'est la 5 portes qui parait la plus gracieuse. A noter qu'en 2004, une des dernières berlines à reprendre un profil comparable à la 45 disparaît des catalogues : la Citroën Xsara, née 2 ans après la 400. Voilà qui ne rajeunit pas la 45.
A l’intérieur, le changement, pour une fois, saute aux yeux. Si la console centrale voit son dessin simplifié, des aérateurs ronds font leur apparition et des compteurs dans le style de la 75 sont installés. L’ensemble fait plus moderne, pas forcement plus luxueux mais en tout cas nettement plus agréable à l’œil.Le style prend un coup de jeune, mais les matériaux restent en retrait. Une question toutefois, pourquoi Rover n'a pas proposé une planche de bord comme cela dès le lancement de la 45 ?
La ZS a également droit à ces changements. Elle en profite pour adopter une nouvelle calandre dans un style proche de celui du nouveau coupé XPower SV sur lequel MG communique largement. Un sacré contraste tout de même : Rover n’a pas assez d’argent pour renouveler ses 25 et 45 mais MG peut lancer une super sportive, construite dans une usine sur-mesure à Modène ! Comprendra qui pourra…La ZS conserve sa ligne sportive, en revanche MG a cessé de lui offrir des ailerons immenses. La ZS se fait discrète mais elle reste plus appréciée que sa cousine 45...
La ZS 5 portes reçoit un sacré coup de jeune. Toutefois, cela ne sera pas suffisant pour la sauver.
L'habitacle reste étroitement lié à celui de la 45, toutefois ici on ne retrouve pas des boiseries mais des placages de couleur sombre. Les sièges peuvent être bicolores en option et on peut également lui installer un radar de recul. En revanche, aucune trace de l'ESP, ce qui trahit l'âge de la ZS.
Le restylage n’aura qu’un impact limité sur les ventes. MG-Rover perd en moyenne entre 20 et 30M £ par mois ! Dans des conditions financières extrêmes, le groupe n’a d’autres choix que de chercher un repreneur. Les discussions sont engagées avec un groupe automobile chinois (SAIC) mais elles tardent à aboutir. En avril 2005, MG-Rover se place sous administration judiciaire. La production de la 45 est logiquement suspendue et, le 14 avril, MG-Rover se déclare en faillite. La dernière 45 sort de l’usine de Longbridge en juillet 2005.
Dans les mois qui suivent, le groupe chinois avec lequel MG-Rover était en discussion reprend la marque MG et … la ZS ! Renommée MG6, il envisage d’en reprendre la fabrication. Cette idée rencontre la nette opposition d’Honda. La marque japonaise revendique non seulement la paternité de la voiture mais s’oppose à ce que sa base, celle de la Civic rappelons-le, soit reprise. L’outillage est donc tout simplement détruit pour éviter que la voiture ne soit reprise. La MG6 restera donc dans les cartons, même si le nom sera réutilisé quelques temps après pour une MG 100 % nouvelle dont le premier exemplaire européen est sorti de l’usine de Longbridge au début de l’année 2011 ! Au total, 1 million de Rover 400/Rover 45/MG ZS auront été produites en environ 10 ans de carrière.